12 décembre 2024

Black Hole Sun – SOUNDGARDEN

Soundgarden – Black Hole Sun (1994)

On peut dire que la découverte de Black Hole Sun en 1994 nous a un peu cueilli : ce groupe qu’on avait catalogué comme l’une des formations de bûcherons de chez Sub-Pop qui vivotaient dans le sillage de Nirvana. Et on découvre un clip aux couleurs vénéneuses, rappelant Today des Smashing Pumpkins, une intro digne de Led Zeppelin, un solo à la wha wha et un titre épique destiné à rester dans l’Histoire. Tout à coup, Soundgarden a décollé la stupide étiquette « grunge » pour faire la couv des magazines de guitares et faire renaitre à coups de Drop-D ce que le hard-rock faisait de mieux avant de décéder à la fin des années 1980. On ne soupçonnait pas que ces mecs savaient jouer. Bien joué, on a rien vu venir.

Avant Black Hole Sun

ON ne savait pas parce qu’on n’avait pas trop suivi : Soundgarden avait sorti 3 albums et joué pendant 10 ans avant Superunknown. Le son a pris un petit coup de vieux sur ces albums de hardos, mais on se dit aujourd’hui que ces mecs avaient quelque chose, Louder Than Love en 1989 est clairement un bon disque à écouter en bagnole.. Ensuite, Badmotorfinger (1991) et son Rusty Cages qu’on a tous réécouté en jouant à GTA San Andreas permettent au groupe d’ouvrir pour les Guns’n’Roses époque Use Your Illusion et faire Lolapalooza avec les Red Hot Chili Peppers, Pearl Jam ou Rage Against the Machine. Si de France on a eu l’impression que sans Nirvana ce groupe ne serait jamais sorti de Seattle, on se trompait, Soundgarden avait tout fait bien pour donner au rock américain un nouvel élan.

Après Black Hole Sun

Après un succès si retentissant et si longtemps attendu, tout est réuni pour faire des conneries. Le groupe décide d’être encore plus autonome en termes de choix artistiques pour l’album suivant, Down on the Upside et se passe de l’arbitrage d’un producteur. Tout le monde donne son avis, s’embrouille, et le disque ne satisfait personne. En 1997, le groupe se sépare et chacun trace sa route ; Chris Cornell avec Audioslave, Kim Thayil dépanne sur quelques projets par-ci par là et Matt Cameron avec Pearl Jam. Soundgarden va finalement se reformer en 2010 et avoir le temps de sortir un album et quelques prestations scéniques avant que Chris ne soit retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel le 18 mai 2017, au lendemain d’un concert.

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Soundgarden et moi : Babet

Vous avez certainement croisé Élisabet Ferrer (ex Maistre), plus connue sous le nom de Babet, quand Dionysos mettait le feu à tout ce qui ressemblait à une scène pourvu qu’on puisse grimper sur des trucs. Depuis, la musicienne et chanteuse a poursuivi sa route avec son groupe mais aussi en solo, son troisième album s’appelle La Promesse et sort le 16 juin 2023. On y retrouve, comme sur les opus précédents, du beau monde, parce qu’en plus d’avoir du talent, Babet a du réseau que vous ne trouverez pas sur LinkedIn.

Comment est-ce que tu découvres Soundgarden ?

J’ai découvert Soundgarden à la télé, un matin, avant de partir en cours, sur M6, je mettais les
clips, avant de partir. On passait encore du rock à la télé, c’est comme ça que j’ai découvert
Noir désir aussi …

A l’époque, sans internet, dès qu’un artiste me plaisait, il faisait partie de ma vie pour un bon moment, j’écoutais ses albums en boucle pendant un an et plus, je connaissais toutes ses chansons par cœur ! Maintenant c’est très différent, on peut avoir accès à tellement de musiques en même temps que j’écoute plus souvent des playlists que je fabrique à mon goût plutôt qu’un seul album d’un même artiste dans son entièreté.

Pourquoi ce titre précisément t’as marquée ?

J’étais en plein dans mes « années guitare ». Mon petit copain venait de m’offrir la sienne, j’apprenais les accords des chansons de Nirvana et de Foxy Lady de Jimi Hendrix mais quand j’ai vu l’univers du clip de Black Hole Sun ça a été pour moi une sorte de révélation. J’habitais le même genre de quartier tranquille que l’on peut voir dans le clip, la jeune fille qui tranche le poisson avec son couteau et tous les personnages qui sourient exagérément jusqu’à se défigurer le visage et le reste de l’ambiance inquiétante aurait pu me faire peur mais au contraire, ça m’a fascinée. Complètement hypnotisée même ! J’ai même fait des photos de ce clip et les ai faites développer ! Il y avait les stries de l’écran sur le papier photo,
mais ça m’était égal, je vivais avec ces images, cela a duré bien un an je crois! (rires)

Je crois que Soundgarden et ce clip de Black Hole Sun surtout, a été une proposition esthétique qui a fonctionné comme un miroir de ma vie des années 90, c’est pour cela qu’il a eu tant d’échos sur moi. Je faisais aussi de la peinture en plus de la musique et de la poésie, j’étais sensible aux univers oniriques et le suis toujours d’ailleurs… Et puis, la lycéenne encore boutonneuse que j’étais et qui n’était pas tombée amoureuse de Kurt Cobain s’est complètement fait ravir le cœur par Chris Cornell, le chanteur de Soundgarden. C’était pour moi l’homme le plus beau du monde ! Le petit ami qui suivit portait les cheveux longs lui aussi et ce truc de garçon chevelu est resté longtemps un critère de beauté pour moi. C’est bête mais c’est vrai ! (rires)

Quelques années plus tard, que te reste-t-il de cette époque ?

Depuis plus d’un an, j’écris un roman d’aventure dans lequel deux histoires sont liées par un secret magique. La première se passe en 350 après Jésus Christ et la seconde dans les années 80. Dans celle des années 80, Camille, mon héroïne, écoute des groupes de rock des années 70/80. Elle adore la chanson “More than a feeling” du groupe Boston par exemple. Elle écoute Aerosmith, les Who, Led Zeppelin etc… Du coup, alors que ça n’était pas forcément ma tasse de thé au départ, je me suis mise à ce rock’n’roll psychédélique avec ses solos de guitare, les fameux guitar-heros ! Tout ce que je détestait quand j’avais l’âge de Camille et j’adore ça maintenant ! J’ai besoin d’être connectée à elle , d’être dans sa peau pour écrire ses aventures et je le fais toujours par la musique.

Lorsque je reviens à la vie plus ordinaire, au quotidien, j’écoute souvent Jack White. J’aime autant le style gras et lourd des White Stripes que la version géniale de « Taking me back » avec son violon joyeux dans l’album « Entering Heaven Alive ». C’est un artiste incontournable pour moi.

Retrouvera-t-on du Soundgarden dans le nouvel album de Babet ? Il n’y a qu’un moyen de le savoir, en écoutant son nouveau titre.