L’usage pour ce blog est de choisir le titre le plus emblématique d’un artiste et de le choisir avec un proxy plus ou moins fiable : les écoutes sur Spotify. Everything goes around the Water n’est pas le plus populaire de The Delgados sur la plateforme (c’est Coming In From The Cold) ni même le plus écoute de l’album dont il est extrait (c’est le redoutable Pull The Wires From the Wall). Mais cette entrée d’album aura notre préférence, pour l’alternance des voix qui illustre que ce groupe était spécial (en général quand le chanteur ramène sa copine dans la salle de répète, ça se passe pas au mieux), mais aussi pour le petit « plus » harmonique qui voit surgir ce La bémol alors qu’on se croyait confortablement installé en Ré Majeur. Le fait que cette sortie de piste retombe sur son accord de base montre qu’on est sur une modulation d’école, c’est très propre, et c’est incroyablement efficace. Bravo messieurs-dames.
Avant Everything goes around the Water
Avant de faire d’audacieuses modulations, ces Écossais portaient le nom insipide de Bubblegum, avant d’opter pour un hommage appuyé aux mollets de Pedro Delgado, vainqueur du Tour de France 1988. En 1994, alors que la brit-pop commence à gagner le Royaume, The Delgados décide de lancer leur propre boutique, un label qui accueillera tout ce qui peut montrer ce que Glasgow a dans le ventre et qui permettra à des groupe comme Mogwai ou Arab Strap de se lancer. Un single Monica Webster pas bien propre mais qui fait mouche en 1995, assez en tout cas pour séduire John Peel qui en fera des invités réguliers de ses sessions. Tout est réuni pour sortir en 1996 un premier album Domestiques bien accueilli par la critique.
Après Everything goes around the Water
Si tout le monde convient que Peloton, le deuxième album sorti en 1998, est super, personne ne l’achète. Le groupe n’abandonne pas et sollicite l’Américain Dave Fridmann, membre fondateur de Mercury Rev pour produire The Great Eastern et, peut-être, s’extraire de la queue de la comète brit-pop. De bons morceaux, plein de contre-pieds, mais pas plus de succès. Il faudra que le groupe signe ailleurs et l’album Hate pour que survienne ce qu’il peut arriver de mieux à un groupe de rock en 2002 : placer un titre en opening d’un manga et un autre dans un épisode, Woke from Dreaming faisant d’ailleurs furieusement penser à For The Damaged Coda de Chopin Blonde Redhead. The Delgados ont réussi leur pari : exister au delà du public des darons qui ont découvert leurs titres sur une compile au siècle dernier et devenir un élément de pop-culture intemporel. Mission accomplie, le groupe peut se séparer en 2005, et envisager une reformation en 2023, maintenant que leur fans de la première heure ont un peu plus de revenus.
Du même tonneau (d’après Spotify)
- Emma Pollock (la copine en question)
- Hefner
- Gorky’s Zygotic Mynci
- Malcolm Middleton (un Écossais)
- Ballboy