12 décembre 2024

Fuzzy – GRANT LEE BUFFALO

Grant Lee Buffalo _ Fuzzy (1993)

On n’était pas bien difficile dans les années 1990 : deux accords sur une guitare acoustique bien accordée avec des cordes neuves, et on n’était conquis. On était content de savoir jouer les chansons de Tracy Chapman quelques années plus tôt, ce groupe nous amène sur un plateau une grosse dizaine de titres (une grosse dizaine, c’est 11) pour nous rappeler qu’on peut faire des merveilles avec les quelques positions qu’on connaissait sur le manche. En tête de gondole, ce titre, Fuzzy, et ses accents country, marque de fabrique de ce qu’on appellera l’Americana (mais à l’époque on s’en fout). Grant Lee Philipps et les siens mettent dans le mille dès ce premier essai, c’est exactement ce dont on avait besoin pour tourner la page grunge.

Avant Fuzzy

Grant Lee Buffalo fait partie de ces groupes nés sur les cendres d’une formation quasi-similaire mais abandonnée à la décennie précédente : ces mêmes mecs avaient 3 ou 4 ans plus tôt des tignasses improbables et se faisaient appeler Shiva Burlesque. On vous encourage à fouiller un peu ce qu’il en reste : on dirait un groupe inventé pour le flashback d’une série télé, genre de clone d’Echo & the Bunnymen aux chansons complètement décousues. Que s’est-il passé en 1991 pour que cette métamorphose se fasse ? Quel producteur leur a dit « ok, votre truc là, c’est sympa, mais on va tout changer, et vous allez commencer par aller chez le coiffeur » ? On ne saura jamais.

Après Fuzzy

Grant Lee Buffalo s’est constitué avec ce premier essai une petite communauté de fans, de quoi tenir 3 albums supplémentaires, à commencer par le très bon Mighty Joe Moon dès l’année suivante. mais en 1999, le ressort est cassé, le groupe met la clé sous la porte. Grant Lee Philipps se dit « de toute façon j’ai pas besoin de ces cons-là » (ou un truc du genre), sort à intervalle régulier des disque avec une recette qui a fait ses preuves : des bonne chansons et une photo de lui en noir et blanc en guise de pochette, pour qu’on le voit vieillir avec classe. Et pour faire encore plus American Recordings de Johnny Cash, il ira même jusqu’à faire un album de reprises de morceaux des années 1980, de The Cure aux Pixies en passant par Echo and the Bunnymen. La ficelle est grosse, mais on mord quand même à ce Ninteeneighties.

Dans le même genre (d’après Spotify)

  • Buffalo Tom
  • The Afghan Whigs
  • Grant-Lee Phillips (sans déconner)
  • Giant Sand
  • Sugar (n’importe quoi Spotify…)